Tentative de coup d’État au Niger : le président Mohamed Bazoum retenu dans sa résidence officielle
Couvre-feu et frontières fermées
« Nous avons décidé de mettre fin au régime que vous connaissez, a déclaré le colonel-major Amadou Abdramane, entouré de neuf autres militaires en tenue. Cela fait suite à la dégradation continue de la situation sécuritaire, la mauvaise gouvernance économique et sociale. » Mercredi, une journée de tensions avait déjà secoué la capitale du Niger, les soldats de la garde présidentielle négociant avec Mohammed Bazoum pour tenter de trouver une solution, sans que l’on connaisse la nature des pourparlers. Le régime au pouvoir avait alors simplement qualifié cet incident de « mouvement d’humeur« .
Finalement, après l’annonce de leur prise de pouvoir à la télévision, les putschistes ont affirmé « l’attachement » du CNSP au « respect de tous les engagements souscrits par le Niger« . Les militaires ont aussi promis aux partenaires étrangers le « respect de l’intégrité physique et morale des autorités déchues, conformément aux principes des droits humains« . Des mesures ont été prises par le CNSP, avec les frontières aériennes et terrestres fermées « jusqu’à la stabilisation de la situation » et la mise en place d’un couvre-feu chaque soir de 22 heures à 5 heures du matin. À Niamey, une manifestation pro-Mohamed Bazoum a été dispersée mercredi soir par la garde présidentielle, n’hésitant pas à tirer en l’air pour faire fuir les opposants.
Un peu plus tard, dans la nuit de mercredi à jeudi, le président Bazoum, séquestré dans sa résidence officielle, s’est exprimé sur la situation sur Twitter, assurant que les acquis démocratiques « acquis de haute lutte » seraient « sauvegardés« . « Tous les Nigériens épris de démocratie et de liberté y veilleront« , a ajouté le président nigérien. Selon le chef de la diplomatie et chef du gouvernement nigérien par intérim Hassoumi Massoudou, Mohamed Bazoum serait « en bonne santé« .
Le Niger, un partenaire de la France au Sahel
Habitué des coups d’État et des tentatives de putsch, le Niger, vaste pays désertique et pauvre du Sahel, est l’une des dernières puissances de la région proche des pays occidentaux. Partenaire de la France dans la lutte contre le jihadisme dans la région, il y est déployé 1500 soldats français. Dans un tweet, la ministre des Affaires étrangères française Catherine Colonna a réagi en déplorant « toute tentative de prise de pouvoir par la force« . Les États-Unis et l’ONU ont, elles aussi, fermement condamné le putsch.