Rapidement relâché par la police d’Istanbul après avoir tué un coursier sur une autoroute, Mohamed Hassan Cheikh s’est envolé pour Dubaï. Un mandat d’arrêt international pour « homicide involontaire » a été émis à son encontre.
La vidéo a fait le tour des réseaux sociaux turcs depuis sa publication, le 8 décembre, par le maire d’Istanbul, Ekrem Imamoglu, et a déclenché un feuilleton diplomatico-judiciaire entre la Turquie et la Somalie. Sur les images datées du 30 novembre, celles d’une caméra de surveillance installée au-dessus d’une autoroute des environs de la capitale économique turque, on voit tout à coup une berline percuter violemment un coursier à scooter sur la bande d’arrêt d’urgence. Gravement blessé, l’homme au deux-roues, Yunus Emre Gocer, 38 ans, succombera à ses blessures six jours plus tard.
Arrivées rapidement sur les lieux, les forces de l’ordre notent que la voiture a une plaque diplomatique aux couleurs de la Somalie. Ils arrêtent le chauffeur, qui se révèle être un VIP : le fils du président somalien Hassan Cheikh Mohamoud. Malgré la gravité de l’accident, l’homme de 40 ans est rapidement libéré et prend un avion pour son domicile, à Dubaï.
Ce dossier épineux met les deux pays dans l’embarras. La Turquie a investi depuis une décennie en Somalie, jusqu’à en devenir le premier partenaire commercial. Le président Recep Tayyip Erdogan met en œuvre un activisme très dynamique, mêlant partenariat économique et soutien militaire à Mogadiscio – les forces spéciales somaliennes sont formées par les Turcs –, considérant la Somalie comme une porte d’entrée sur le reste de l’Afrique. Il y a ouvert la plus grande ambassade et la plus grande base militaire turques à l’étranger.
« Mauvaise publicité »
Le président somalien a dû se plier à un étrange exercice de communication en marge d’un déplacement hautement symbolique à New York, aux Nations unies, où était votée la levée de l’embargo sur les armes en Somalie. « C’était un accident. Il n’a pas fui. Il est resté plusieurs jours sur place et a fait appel à un avocat. Je lui parle, je lui dis qu’il serait maintenant mieux d’y retourner mais c’est lui qui prendra la décision finale. La Turquie est un pays ami, nous respectons ses lois », a expliqué, le 14 décembre, Hassan Cheikh Mohamoud pour éteindre l’incendie.