Argentine: des manifestants dénoncent le négationnisme dans la campagne électorale

Argentine: des manifestants dénoncent le négationnisme dans la campagne électorale

En Argentine, alors que les élections générales approchent, la question de la mémoire des crimes de la dictature s’invite dans le débat. Les organisations de défense des droits de l’homme ont manifesté pour dénoncer une forme de négationnisme chez les organisateurs d’un hommage aux victimes du terrorisme d’extrême gauche.

Cette cérémonie d’hommage organisée le lundi 4 septembre, a provoqué l’indignation des organisations de défenses des droits de l’homme parce que, selon elles, sous couvert de rendre hommage à ces victimes, l’objectif de cet événement était de justifier les crimes commis par les militaires en réhabilitant la théorie des deux démons. C’est une thèse qui a été utilisée en Argentine pour relativiser le plan systématique de disparitions forcées de la dictature en le mettant au même niveau que les violences commises par les guérillas dans les années 1970.

En Argentine, un «hommage aux victimes du terrorisme» d’extrême gauche crée la polémique

Encore aujourd’hui, certains universitaires utilisent l’expression « guerre sale » pour décrire ce qui s’est passé entre 1976 et 1983 en Argentine, un terme rejeté par les organisations de mémoire, car il sous-entend selon elles un conflit symétrique entre deux forces équivalentes.

De leur point de vue, il n’y a pas eu de guerre, et rien ne peut justifier le terrorisme d’État qui a fait plus de 30 000 disparus. Pour couper court à ces critiques, les organisateurs de l’hommage ont condamné en préambule « les conséquences tragiques » de la « rupture du pacte démocratique » qu’a représenté la dictature. Eux dénoncent une mémoire tronquée qui aurait laissé de côté les victimes du terrorisme d’extrême gauche.

Une condamnation ambivalente des crimes de la dictature

Pour comprendre cette réaction, il faut aussi s’intéresser aux organisateurs de cet hommage, et notamment à Victoria Villarruel. C’est une avocate de 48 ans, dont le père et l’oncle sont des militaires accusés d’avoir participé à la répression entre 1976 et 1983. Elle a entretenu pendant des années des relations avec plusieurs haut-responsables de la dictature condamnés par la justice, dont le chef de la junte Jorge Videla, à qui elle rendait visite lorsque celui-ci purgeait sa peine de prison à domicile.

Avant de se lancer en politique il y a deux ans, elle a tenu à plusieurs reprises des propos négationnistes, en refusant par exemple de reconnaître l’existence du terrorisme d’État, ou en questionnant le chiffre de 30 000 disparus. En 2006, au moment de la réouverture des procès des crimes de la dictature, elle a fondé une association dédiée aux victimes du terrorisme d’extrême gauche dans les années 1970, à qui elle a donc rendu hommage hier.

Victoria Villarruel, candidate à la vice-présidence

Avant de se lancer en politique il y a deux ans, elle a tenu à plusieurs reprises des propos négationnistes, en refusant par exemple de reconnaître l’existence du terrorisme d’État, ou en questionnant le chiffre de 30 000 disparus. En 2006, au moment de la réouverture des procès des crimes de la dictature, elle a fondé une association dédiée aux victimes du terrorisme d’extrême gauche dans les années 1970, à qui elle a donc rendu hommage hier.

Victoria Villarruel du Parti libertarien, se présente aux côtés de Javier Milei, candidat antisystème et ultralibéral à la présidence qui est actuellement en tête des intentions de vote. Il a déjà précisé qu’en cas de victoire, Victoria Villarruel superviserait les portefeuilles de la défense et de la sécurité.

La méfiance des organisations de défense de droit de l’homme à l’égard de ce ticket présidentiel a été alimentée il y a un mois par la vandalisation d’une plaque en mémoire de victimes du terrorisme d’État, sur lesquels les mots « terroristes » et « assassins » ont été tagués aux côtés du slogan « Milei 2023 ».

Ce que craignent les organisations de mémoire, c’est que Javier Milei et Victoria Villarruel essayent de remettre en question le consensus mémoriel autour des crimes de la dictature, le fameux « Nunca mas », « plus jamais », que beaucoup en Argentine considéraient comme acquis.

 

La Rédaction